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Jour 2 - S’organiser

  • Photo du rédacteur: Thierry
    Thierry
  • 4 déc. 2021
  • 3 min de lecture

J’aurais aimé que ce comas dure dix jours, mais deux petites heures plus tard mes sens furent déjà en éveil. Quatre heures trente du matin, les yeux brûlants et les paupières lourdes, je saute de mon lit confortable pour me remémorer les nombreuses règles imposées par les autorités concernant cet enfermement volontaire. Je prends seulement conscience que je ne vais pouvoir, sous aucun prétexte, quitter cette pièce pour les dix prochains jours. Je commence donc mon inspection. Globalement, elle est agréable, moquette épaisse, insonorisation parfaite, propre et de dimension correcte. Quatorze pas séparent la baie vitrée de la porte. Je commence à défaire ma valise selon un rituel bien huilé. Ma veste sur un cintre, les pantalons pendus par le bas, utilisant la gravité terrestre comme fer à repasser dont je ne suis pas le meilleur ami. Je prends également possession de mon bureau, je dispose mes outils, et me connecte à un réseau wifi rapide et très stable. Ce qui est une bonne nouvelle, car ce petit tuyau va constituer mon seul lien avec l'extérieur. Assis sur mon fauteuil-trône, surplombant mon royaume, je suis un Roi affamé. Un vestige de soupe de nouilles, gît sur le fond de la poubelle. Elle constituait l'essentiel de mon repas pré-comas. J'engloutis les quelques gâteaux sauvés du voyage et trouve la bouilloire, souvent négligée, mais aujourd'hui salvatrice et quelques sachets de café chicorée. Le soleil commence à poindre son nez, j'en profite pour vérifier l'heure à laquelle les pestiférés seront nourris. Car tout est inscrit, précis, prévu, rien ne peux changer le plan. Aucune livraison n'est autorisée, aucun room-service, ni même de Café, thé. Ne parlons pas d'alcool, ni de tabac. Tout cela est interdit. Nous sommes même menace d'arrestation, dix mille euros d'amende et prison si nous sortons de notre chambre.

Le petit-déjeuner est livré entre 8 h et 8 h 30, le déjeuner entre 12 h 30 et 13 h et le dîner entre 18 h et 19 h. Voilà qui va rythmer mes journées. En effet, le rythme est important en cas de réclusion. Je décide à ce moment, que je vais m'imposer des règles encore plus strictes, pour rendre les autres un peu moins durs. Je m'impose donc un réveille à 7 h 30, puis 30 min de sport via une application, histoire de bouger, transpirer. Douche et préparation pour ma journée de travail. Pendant ce temps-là, le soleil caressait tous les bâtiments encore déserts.



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Je découvre pour la première fois le paysage offert a mes yeux rougis et lourds. Je suis en face de l'aéroport, des avions décollent vers le soleil, silencieux, brillants. Dans moins d'un mois, je serais dans l'un d'eux, de retour parmi les miens.



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Puis tout s'accélère, les appels professionnels s'enchaînent, les e-mails, les appels de la famille, des amis. J'essayais d'oublier le plus vite possible ce qui était censé être un petit-déjeuner. Des choses froides entassées dans un sac en plastique. J'espérais beaucoup du déjeuner. Je scrutais le moindre bruit dans le couloir pour pouvoir observer les mouvements des humanoïdes et capturer la nourriture avant qu'elle ne soit trop froide. Ça y est, je le tiens! L'appareil photo collé au Judas, il ne m'échappera pas.



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Manqué ! Le curry de légume froid n'est pas très appétissant, mais j'ai besoin d'énergie sinon je ne tiendrais pas. Je me souviens comment nous réchauffions les biberons des garçons dans les hôtels dépourvus de cuisine. Faire bouillir de l'eau, et tremper mon plat en plastique dedans jusqu'à le rendre tiède ! Bingo ! À la guerre, comme a la guerre !


Je suis pris d'une fatigue contre laquelle il est très difficile de lutter. Debout, depuis quatre heures du matin, je rêve de faire une sieste. Profitant d'une courte pause dans mes "calls" je plonge dans une "powernap" réparatrice. J'affronte la deuxième partie de la journée avec beaucoup d'énergie et de déterminations.

Me voilà organisé et prêt à affronter chaque journée qui va défiler sur mon cahier et devant mes yeux. T




 
 
 

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